Les acteurs de la libération (biographies)

Maréchal Leclerc ( Belloy-Saint-Léonard, 1902 -près de Colomb-Béchar, 1947).

Philippe Leclerc de Hauteclocque occupe une place toute particulière dans l’histoire de la capitale. Libérateur de Paris à la tête de sa 2e division blindée (DB), il met fin en août 1944 à quatre années d’occupation allemande.

Il a été l’un des tout premiers à rejoindre à Londres le général De Gaulle. Celui-ci le charge de rallier le Cameroun à la France libre. Ce sera fait en deux jours à la fin d’août 1940. Ensuite viendra le tour du Gabon. En novembre, le général De Gaulle lui a désigné d‘un large geste, sur une grande carte murale, Koufra et le Fezzan. Koufra et sa citadelle, symboles de la puissance africaine et de l’Italie, seront prises le premier mars avec 200 hommes seulement. Cette victoire, scellée par le “serment de Koufra ”, est saluée par la BBC comme “le premier acte offensif victorieux mené contre l’ennemi par des forces françaises partant de territoires français aux ordres d’un commandement uniquement français”. La légende de Leclerc est née ainsi que celle de la colonne Leclerc.

Il participe alors aux campagnes du Fezzan, de Tripolitaine et de Tunisie. D’août 1943 à mars 1944, au Maroc, Leclerc constitue la 2e DB, composée de 16 000 hommes de nationalités différentes mais qui formeront une unité exceptionnelle. La 2e DB, dont le général De Gaulle a obtenu qu’elle soit désignée pour représenter la France dans l’armée alliée, débarquera le 1er août 1944 à Utah Beach.

Après les combats de Normandie et la prise de d’Alençon, Leclerc, apprenant l’insurrection de Paris, passe au commandement américain qui a décidé de contourner la capitale. Le 21 août, il envoie un détachement pour tester les défenses allemandes. Le lendemain soir, il reçoit enfin l’ordre de foncer sur Paris avec l’appui de la 4e division américaine. le 24 au soir il est retenu par des combats violents aux portes de la ville, mais le lendemain, dans une atmosphère de liesse indescriptible, c’est l’entrée dans Paris des groupements tactiques de Dio, Langlade et Billotte qui réduiront une à une les défenses allemandes. A la préfecture de police le général Leclerc reçoit la capitulation de von Choltitz, il accueille ensuite à son PC de la gare Montparnasse le général De Gaulle.

Grâce à l’intervention de la 2e DB, Paris a été libéré sans être détruit. Les Parisiens s’en souviendront lorsqu’ils se recueilleront en masse le 7 décembre 1947 au pied de l’Arc de triomphe devant le cercueil de leur héros, mort dans un accident d’avion. En 1952, l’Assemblée nationale l’élèvera à la dignité de maréchal de France.

Une fondation et un mémorial, sur la dalle de la gare Montparnasse, rappelle le souvenir d’un chef au charisme singulier à qui ses hommes, des “clochards épiques”, selon André Malraux, firent “un cortège d’exaltation dans le soleil d’Afrique et les combats d’Alsace”.

Général Charles De Gaulle (Lille, 1890 - Colombey-les-Deux-Eglises, 1970).

Pour Charles De Gaulle, Paris est un symbole : cette ville incarne la grandeur de la France. Il l’apprécie beaucoup, en connaît bien l’histoire, les rues, les monuments. Selon lui, le destin de la France et celui de Paris sont étroitement liés. Ainsi il est révolté lorsqu’en juin 1940 la capitale est déclarée “ville ouverte”. “Dans une large mesure, c’est Paris qui inspira l’événement du 18 juin, reconnaîtra-t-il plus tard. Que la ville fût découronnée, humiliée, abandonnée, cela ne pouvait être admis”. Le sort de la capitale lui dicte l’appel qu’il lance aux Français pour les inviter à le rejoindre à Londres et à poursuivre la lutte.

Le chef de la France libre, qui a réussi en juin 1944 à se faire reconnaître comme le chef du gouvernement provisoire à Alger, sait aussi que, “si on le laisse faire, Paris tranchera la question du pouvoir”. Aussi tient-il à ce que la capitale, qui redeviendra le siège et le centre du pouvoir politique, soit libéré par une division française. Il obtiendra du général Eisenhower que la division Leclerc se porte au secours de Paris insurgé. Le 25 août, le général De Gaulle rejoint au QG de la gare Montparnasse le général Leclerc qui vient de recevoir à la préfecture de police la capitulation de von Choltitz. Puis, il réinstalle l’Etat au ministère de la Guerre, rue Saint Dominique. Ensuite, il se rend à l’Hôtel de Ville où il improvise son célèbre allocution: “ Paris outragé! Paris brisé! Paris martyrisé! Mais Paris libéré!”. Le lendemain, de l’Arc de triomphe à Notre-Dame, il est suivi par une foule en liesse.

Nommé président du Gouvernement provisoire de la République française, il est amené à démissionner un an plus tard.

Dietrich von Choltitz (Schloss Wiese, Silésie, 1894 - Baden, 1966).

Le général allemand von Choltitz, l’homme qui a anéanti Stalingrad, est nommé gouverneur militaire de Paris le 9 août 1944. Dix jours plus tard, la Résistance déclenche l’insurrection dans la capitale. Dans l’après-midi du 25 août, il se rend au général Leclerc, qui vient de faire son entrée dans Paris à la tête de la 2e DB. Il signe la reddition à la préfecture de police puis, transporté à la gare Montparnasse, ordonne par écrit une vingtaine de cessez-le-feu pour les autres points de commandement allemand dans la capitale. Il sera libéré en 1947.

Von Choltitz, qui affirmera dans ses Mémoires avoir reçu l’ordre du Führer de faire sauter les ponts et les édifices publics, apparaît dès lors comme l’homme qui n’a pas obéit aux ordres d’Hitler et a sauvé Paris de la ruine. Le film de René Clément Paris brûle-t-il ? assoira définitivement sa légende.